23.10.08

Drague qui tourne en eau de boudin (de Noël)

Je vais à la messe de minuit. Pas pour la messe mais pour voir des fransaoui* qui font des trucs de fransaoui. Le problème c'est qu'il faut sortir la nuit et que le sidi ne risquera pas son paradis en entrant dans une église. J'y vais quand même.
- Kss, kss, ksss sussure-t-on derrière moi sur le chemin
Je pleurniche avec conviction.
- M'enfin, monsieur, c'est Noël et je vais à la messe! Mon papa habite trop loin et n'a pas pu m'accompagner.
Le type a l'air sincèrement désolé mais il parait que c'est de ma faute: si j'avais porté une djellaba, il ne se serait pas permis…

22.10.08

Drague: vois rouge, ma soeur!


Ce n'est pas la peine d'avoir dans ton sac le petit couteau à cran d'arrêt qui risque de se retourner un jour contre toi en cas de fausse manœuvre mais la bombe lacrymogène peut te rendre de grands services. Si tu n'as pas la possibilité de t'en procurer une, le spray déodorant fera l'affaire.
Ne refuse pas l'invitation à dîner chez tes amis qui habitent sur l'autre rive du Zerktouni, même si tu dois rentrer seule à pied à 2 heures du mat'. Bien sûr un type en BMW va rouler au pas à ta hauteur dans la ruelle et bien sûr, il va ouvrir la vitre côté passager et se pencher pour te proposer un petit tour dans sa chouette bagnole. C'est alors que tu lui braques la bombe dans la gueule et que tu lui fais :
- D'accord chouchou, ça te dit de voir flou pendant 15 jours ?

21.10.08

Drague en rouge, noir et blanc

C’est affreux à dire mais parfois il vaut mieux être à l’intérieur pendant les émeutes que dehors en temps normal quand on (n’) est (qu’) une femme. Pas à pas, je découvre Casa en poussant Ilias dans la poussette-canne rayée rouge et blanc. Mais je ne sors jamais sans mes lunettes noires.
Premier coin de rue :
- T'as d' beaux yeux derrière tes lunettes, t' sais !
Je passe sans broncher.
Deuxième coin de rue, un type zyeute mes guibolles et la poussette :
- Waw! Il est beau le gosse! Je t'en ferais bien un autre !
Mes genoux tremblent un peu mais je reste imperturbable protégée par mes lunettes.

20.10.08

Rue Eléonore Fournier - les émeutes - juin 1981

Le sidi est parti à Ouezzane pour le ouikende. Il va chercher l'argent que son frère lui doit pour la location de ses terres en vued'acheter l'appartement de la rue de Sebta.
Je suis seule à Casa avec bébé Ilias. S'il arrive quelque chose, je ne connais personne et on n'a pas le téléphone.
Pas envie de sortir ! De temps en temps, je vais sur le balcon. Brusquement les volets de fer des épiceries se ferment les uns après les autres. Tout le monde se met à courir dans la rue. Une clameur vient du boulevard Moulay Youssef. Je me penche un peu plus au balcon et vois une foule avancer en plein milieu du boulevard, des garçons de 15-18 ans surtout. Ils crient quelque chose que je ne comprends pas.
Ilias et moi, on s'enferme à clé.
Le sidi rentre essoufflé, dimanche soir un peu tard. Son bus a été attaqué à la gare de Benjdia. Il a filé en douce, pris la tangente, m'explique-t-il. Dans son sac, une trousse de toilette et dans la trousse, le flouss pour l'appart.
Certains garçons qui marchaient sur le Moulay Youssef ce jour-là ne sont jamais rentrés chez eux et la barisianna (parisienne: pain baguette) a augmenté de 10 centimes.

Les boulevards de Casablanca


De la place Mohamed V part l'avenue Hassan II. A Rabat, c'est le contraire.
Sur la place devant l'Hyatt Regency, la bola*.
Au Zerktouni, je zerk-tourne, au Ziraoui, je zire à gauche, rond-point Chimicolor, ça part fort, rond-point Shell, les yeux au ciel, Garage Allal, je m'étale, Al Mouqaouama, zama*, zama, zama…
Adik al medina pal malika mahboula.

La bola : la boule
Zama : comme qui dirait…
Dak al medina pal malika mahboula : cette ville est une reine folle.